L’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de français de première et de deuxième à l’école supérieure des sciences militaires

INTRODUCTION La langue est entièrement marquée de culture, d’une part parce qu’elle est un produit socio-historique, d’autre part, dans la mesure où elle est avant tout toujours une pratique sociale. Réciproquement, aucun trait de culture n’existe indépendamment de la langue, et celle-ci, en elle-même et pour elle-même, constitue par ailleurs l’un des objets essentiels de la culture. Ainsi, dans l’enseignement / apprentissage des langues étrangères, on trouve que les difficultés ne proviennent pas seulement de la langue elle-même, mais aussi des différences socioculturelles entre la culture d’origine de l’apprenant et celle de la langue cible. Une bonne connaissance linguistique ne suffit pas pour une bonne communication proprement dite. L’enseignement de la culture qui, dans le cadre de notre mémoire, implique à la fois l’enseignement et l’apprentissage, fait donc partie intégrante de l’enseignement des langues. A l’heure actuelle, l’intérêt des savoirs et savoir-faire socioculturels est de plus en plus reconnu dans l’enseignement des langues et il existe bien des ouvrages d’auteurs, des recherches sur l’enseignement de la culture. Mais quoi et comment enseigner? L’enseignement des savoirs et savoir-faire socioculturels doit-il se faire avant, pendant ou après celui de la langue ? La question reste encore ouverte. De plus, l’enseignement de la culture est étudié surtout comme un processus à part, non comme une part inhérente de l’enseignement de la langue. Il est difficile, en effet, de trouver une méthodologie commune à toutes les situations d’enseignement, à tous les objectifs et à tous les publics. Il existe dans chaque établissement de formation des problèmes concernant la définition du contenu et d’une approche appropriés à ses propres objectifs de formation. Pour résoudre ces problèmes, il faut bien analyser ses particularités institutionnelles: contexte institutionnel (objectifs de formation, conditions d’enseignement, etc.), le corps d’enseignants, le public, le manuel utilisé, etc. en respectant des principes méthodologiques de ce processus. Le Département de français de l’Ecole Supérieure des Sciences Militaires (E.S.S.M) a été fondé en 2002. Actuellement, il compte 18 enseignants et 12 classes de français dont quatre classes de première année et quatre de deuxième. Pour ces classes de F.L.E de première et deuxième années, Le Nouvel Espaces est utilisé comme méthode principale d’enseignement du F.L.E. Les étudiants de troisième et de quatrième travaillent par la suite essentiellement sur les quatre compétences communicatives plus ou moins indépendantes pour l’apprentissage de la pratique de la langue. L’un des objectifs de formation de l’Ecole Supérieure des Sciences Militaires est de former les étudiants maîtrisant bien la langue française. Ces derniers devront travailler par la suite dans le domaine de défense et pourront travailler dans des pays francophones selon les missions affectées par l’Armée. A partir de cet objectif, il est évident que ces étudiants doivent posséder de bonnes connaissances non seulement linguistiques mais aussi socioculturelles en général et des connaissances dans leur domaine spécifique en particulier : la défense. Selon l’approche communicative, bien communiquer dans une langue étrangère suppose avoir de la compétence de communication dont la compétence linguistique et la compétence socioculturelle. Alors, il faut de bonnes méthodologies et une conception raisonnable de programmes d’enseignement ainsi que du matériel nécessaire à sa réalisation. Au cours de l’enseignement du F.L.E, plus ou moins conscients de l’importance de la compétence socioculturelle, nos enseignants ainsi que nos apprenants font beaucoup d’efforts pour une bonne acquisition de celle-ci: l’exploitation de la méthode, l’auto-formation et la formation continue en matière culturelle, l’amélioration et l’innovation des méthododologies d’enseignement culturel de la part des enseignants; l’auto-apprentissage et une acquisition active des éléments culturels présentés dans les cours par les étudiants Pourtant, les résultats restent bien limités: l’inadaptation des actes langagiers dans un contexte communicatif concret est due au manque de connaissances socioculturelles de la langue cible, aux interférences négatives de la culture maternelle, y compris celles concernant le domaine de la défense, une spécialité de nos étudiants, dont jusqu’à présent nous n’avons pas encore d’ouvrage complet et assez bien élaboré, même si les étudiants ont d’autres disciplines pour compléter l’enseignement de la compétence socioculturelle telles que la littérature française, la civilisation française, le français de spécialité militaire Et nous voulons, dans ce travail de recherche, nous intéresser essentiellement à l’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de première et de deuxième car ce public présente des particularités, souvent néfastes pour l’apprentissage du F.L.E : niveau hétérogène du français, étudiants militaires, faible fréquence des contacts avec la culture française . et que nous voulons traiter l’enseignement de la culture en tant qu’une partie intégrante de l’enseignement du F.L.E, non que celui-ci soit une discipline à part. Nous avons méné notre enquête auprès des enseignants et des apprenants de français concernés pour apporter les réponses à la question de recherche principale suivante: Quelle est la situation d’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de français de première et de deuxième impliqué dans l’enseignement du F.L.E à l’E.S.S.M? De plus, nous constatons que la recherche sur l’enseignement de la compétencesocioculturelle, partie incorporée du processus d’enseignement de la langue, reste sous-investie dans le cadre de notre établissement. Notre travail aura donc pour objectif de dresser le tableau de l’enseignement de la compétence socioculturelle dans celui du F.L.E aux étudiants de première et de deuxième à l’E.S.S.M. A partir de la question de recherche principale mentionnée plus haut, nous formulons les questions de recherche concrètes suivantes : 1- Quelles sont les difficultés culturelles rencontrées par les étudiants de français de première et de deuxième dans l’apprentissage du F.L.E à l’E.S.S.M ? 2- Quelles sont les difficultés des enseignants de F.L.E dans leur enseignement de la compétence socioculturelle ? 3- Les contenus socioculturels présentés dans Le Nouvel Espaces répondent-ils aux objectifs de l’enseignement du F.L.E aux étudiants de français de première et de deuxième à l’E.S.S.M ? 4- Quelles seront les propositions méthodologiques et pédagogiques pour améliorer l’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de français de première et de deuxième à l’E.S.S.M ? Et nous formulons quatre hypothèses ci-dessous. Hypothèse 1: Pour différentes raisons : niveau de langue hétérogène, grandes différences entre leur culture maternelle et la culture française, contacts difficiles avec les réalités étrangères . nos étudiants de français de première et de deuxième rencontrent beaucoup de difficultés dans leur apprentissage de la compétence socioculturelle au cours de l’acquisition du F.L.E: manque de connaissances dans plusieurs domaines historiques, géographique, politiques . Et ces handicaps en culture française empêchent une bonne acquisition de la langue. Hypothèse 2 : Nos enseignants de F.L.E rencontrent aussi des difficultés culturelles et méthodologiques dans la mise en oeuvre de l’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de première et de deuxième : choix difficile d’une progression appropriée au niveau hétérogène des étudiants, l’insuffisance de connaissances en culture française, manque d’expérience et de méthodologies en matière d’enseignement de la culture en classe de F.L.E, etc. Et ces facteurs constituent un obstacle à un enseignement efficace de la compétence socioculturelle à l’E.S.S.M. Hypothèse 3: Les contenus socioculturels présentés dans Le Nouvel Espaces représentent bien les domaines principaux de la culture française : société, éducation, moeurs et coutumes, politique, littérature, etc. Pourtant, cet inventaire de contenus socioculturels n’est pas satisfaisant par rapport aux objectifs de l’enseignement du F.L.E, aux attentes des apprenants concernés. Hypothèse 4 : L’apport des documents authentiques complémentaires, riches en connaissances socioculturelles en classe de F.L.E et une meilleure méthodologie des enseignants dans l’enseignement de la culture et une meilleure conscience dans l’apprentissage culturel des étudiants peuvent améliorer leur acquisition de la compétence socioculturelle à l’E.S.S.M. Pour vérifier les hypothèses formulées plus haut, nous avons utilisé dans notre travail de recherche les deux techniques de recherche principales suivantes : - Analyse de contenu : analyser les contenus linguistiques et socioculturels dans la méthode utilisée pour l’enseignement du F.L.E à l’E.S.S.M. - Enquête par entrevue et par questionnaire, auprès des enseignants de F.L.E et des apprenants ciblés pour décrire l’état des lieux de l’enseignement de la compétence socioculturelle à l’E.S.S.M. Ainsi, l’objectif de notre travail est d’esquisser un tableau le plus complet que possible de l’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de français de première et de deuxième à l’E.S.S.M. ; et plus loin, nous pourrons y apporter des propositions méthodologiques et pédagogiques pour l’améliorer. Nous avons mené notre enquête auprès des enseignants du Département de français de l’E.S.S.M et des étudiants de première, de deuxième et de troisième année. Notre mémoire se compose de trois chapitres. Dans le premier chapitre, nous présenterons le cadre théorique de l’enseignement de la culture intégré dans l’enseignement de la langue : la définition du terme culture, la compétence culturelle et la compétence interculturelle, les principes méthodologiques et des modèles d’enseignement de la culture proposés par des auteurs. Dans le deuxième, nous allons présenter d’abord le contexte général de l’enseignement du F.L.E à l’E.S.S.M qui sert du cadre de l’enseignement de la compétence socioculturelle à nos étudiants de français de première et de deuxième par une présentation sommaire des facteurs intervenant dans ce processus sur place. Et en nous basant sur l’analyse du corpus constitué auprès des étudiants et des enseignants du Département de français, à l’E.S.S.M lors de nos enquêtes par questionnaire et par entrevue, nous dresserons l'état des lieux de l’enseignement de la culture mis sur place actuellement en rapport avec les objectifs de l’enseignement du F.L.E et de la culture française : le public ciblé (le niveau de culture française, la conceptions méthodologique et les besoins en matière culturelle, etc.), le corps d’enseignants (expérience, formation initiale et continue, conception et pratique de classe en matière d’enseignement culturel) et l'enseignement des contenus socioculturels dans Le Nouvel Espaces au travers des remarques et des jugements des enseignants de F.L.E et des étudiants . Tout ce travail consistera à esquisser le tableau de l’enseignement de la culture mis en place à l’E.S.S.M. D’où nous pourrons reconnaître les points forts ainsi que les points faibles qui serviront de bases pour nos propositions méthodologiques et pédagogiques afin d’améliorer l’enseignement de la compétence socioculturelle dans le chapitre suivant. Dans le dernier chapitre, nous apportons les propositions envisageables concernant les contenus culturels à enseigner et le choix de documents de classe en fonction des objectifs d’enseignement du F.L.E de l’établissement ; les démarches méthodologiques pour améliorer l’enseignement de la culture française en classe de F.L.E à l’E.S.S.M ainsi que les suggestions en vue d’améliorer et de perfectionner la compétence professionnelle des enseignants de français dans leur enseignement de la compétence socioculturelle. Luận văn dài 78 trang

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ignants utilisent pas souvent de documents supplémentaires, riches en connaissances culturelles pour compléter l’enseignement de la culture dans Le Nouvel Espaces. L’enseignement supplémentaire en matière culturelle dépend ainsi de chaque enseignant et de ce qui est à sa disposition. Ils mentionnent quelques types de documents supplémentaires, disponibles et à leur portée : articles de journaux et de magazine, des documents extraits des ouvrages de référence culturelle de type Francoscopie, Civilisation française, etc. Bien sûr, ils doivent se baser sur les objectifs à atteindre, le niveau des étudiants et le temps dont ils disposent. (Voir question 18, Annexe II ; question 23, Annexe III) En résumé, la méthode Le Nouvel Espaces répond assez bien aux exigences de l’enseignement de la langue par une grande attention accordée au développement des aptitudes communicatives chez l’étudiant. Pourtant, les contenus socioculturels sélectionnés dans la méthode et leur exploitation consistent dans la présentation et l’enseignement de la langue, c’est-à-dire en fonction des objectifs linguistiques à atteindre dans le dossier. Ces connaissances socioculturelles ne sont pas abordées et traitées d’une façon systématiques et selon une approche culturelle proprement dite. De plus, certains besoins de nos étudiants en matière culturelle ne sont pas satisfaits lors de l’exploitation de la méthode. Ces remarques constituent alors la confirmation de l’hypothèse 3 dans l’introduction de ce mémoire comme vraie. Conclusion du chapitre 2 Grâce à notre enquête menée auprès des enseignants et des étudiants de français à l’E.S.S.M, nous pouvons mieux comprendre la situation actuelle de l’enseignement de la culture sur place : le niveau de connaissances socioculturelles en culture française des étudiants, les dispositifs mis en place dans l’enseignement de la compétence socioculturelle (méthode, des contacts et des supports pédagogiques, le corps d’enseignants ...), la situation méthodologique de l’enseignement de la culture en classe de F.L.E, etc. Nous reconnaissons donc les faiblesse existantes dans ce processus et y proposons des solutions pour un meilleur enseignement de la compétence socioculturelle en particulier et du F.L.E en général dans le chapitre suivant. CHAPITRE 3 QUELQUES PROPOSITIONS POUR AMÉLIORER L’ENSEIGNEMENT DE LA COMPÉTENCE SOCIOCULTURELLE À L’E.S.S.M Dans ce chapitre, nous apportons principalement des propositions méthodologiques et pédagogiques en vue d’améliorer la pratique de classe en matière culturelle de nos enseignants de F.L.E ainsi que leur choix de contenus culturels à enseigner en classe de F.L.E et de documents afin de combler les lacunes culturelles de la méthode par rapport aux objectifs de l’enseignement du F.L.E à l’E.S.S.M. Ensuite, nous aimerons suggérer les manières d'accéder à la culture française pour une bonne acquisition de compétence socioculturelle de la langue cible. Toutes ces propositions visent alors à améliorer l’enseignement de la compétence socioculturelle en classe de F.L.E à l’E.S.S.M. 1. Détermination de contenus socioculturels à enseigner et choix de documents Comme nous avons présenté dans le chapitre 2 sommairement les contenus socioculturels dans la méthode Le Nouvel Espaces et les domaines essentiels de la culture française selon les conceptions de nos enseignants et étudiants de français en montrant les lacunes en matière de l’enseignement de la compétence socioculturelle à l’E.S.S.M ; il nous est nécessaire de déterminer les contenus culturels à enseigner à nos étudiants et les documents de classe utiliser pour mieux répondre aux objectifs de l’enseignement du F.L.E dans notre établissement. 1.1. Détermination de contenus socioculturels à enseigner Pour le contenu culturel, le professeur de F.L.E doit suivre de près les thèmes abordés dans chaque dossier de Le Nouvel Espaces, qui sont imposés par le programme de formation à l’E.S.S.M. En effet, les documents sélectionnés dans la méthode apportent aux étudiants des connaissances socioculturelles sur certains domaines de la culture française. Mais si l’enseignant est content du travail tout prévu par les auteur de la méthode, le cours sera beaucoup moins captivant car les étudiants, très motivés et toujours avides de connaissances et de nouveautés, n’auront plus rien à découvrir, à apprendre d’autre que ce qui est dans la méthode. Ainsi, en respectant le contenu du programme, l’enseignant peut leur apporter des documents complémentaires sur les thèmes abordés : ceux-ci consistent à enrichir, à consolider et à élever d’une part leur niveau de connaissances linguistiques et d’autre part en culture française (la vie quotidienne en France ; l’actualité économique, politique, technique, artistique, scientifique ; les comportements, les traditions et les pratiques culturelles selon les catégories sociales des Français, etc.) Nous prenons quelques exemples ci-dessous pour l’illustrer. Dans Le Nouvel Espaces 2, le dossier 4 aborde les vacances d’aventure en France (les types d’aventure, les opinions des Français sur l’aventure...). Nous pourrons approfondir ce thème en proposant un document ayant pour titre «Vos rêves et vos peurs» qui fait un compte rendu d’enquête auprès des jeunes Français sur leurs préoccupations dans la vie (Voir Annexe VIII.2). Avec ce document, les étudiants peuvent mieux comprendre les attitudes, les goûts des jeunes Français sur l’aventure ; ils seront ensuite invités à exprimer leurs goûts, leurs pensées à propos du thème en comparaison avec les Français. Ou encore dans le dossier 1 de Le Nouvel Espaces 3, on présente des stéréotypes des Français à leurs yeux mêmes et ceux d’étrangers. A ce stade, les étudiants possèdent un niveau de langue plus avancé et l’enseignant pourra alors leur donner des documents plus compliqués comme un extrait de «Les Français, mentalités et comportements» (1996). (Voir Annexe VIII.1). Ce document peut être traité comme un exercice de compréhension écrite. L’objectif de ce type de document de savoir-vivre est de sensibiliser les étudiants à des règles de politesse et à des aspects interculturels dans les comportements quotidiens des Français. Nous pourrons procéder aux démarches suivantes : - Demander aux étudiants de faire la lecture rapide pour une compréhension globale afin de dégager le thème général du document. - Leur demander de reconnaître les règles de politesse, de bonne éducation à chaque situation de communication concrète. (Dans telle ou telle situation, on doit ... ou on ne doit pas ..., ou bien d’après les Français, il serait impoli de ...., etc.) - Leur demander de procéder à une comparaison avec les règles de politesse vietnamienne dans les mêmes situations pour mettre en évidence les règles communes et différentes. - Enfin, on pourra leur demander de faire un petit test en vue d’évaluer leurs acquisitions. Pour l’exemple de test de ce type, nous prenons le test proposé dans la méthode Tempo 2 (pages 24, 25). (Voir Annexe IX.1) En outre, l’enseignant pourra introduire d’autres thèmes en rapport avec les objectifs de l’enseignement du F.L.E et avec les étudiants eux-mêmes. Par exemple, dans le domaine de défense qui intéresse particulièrement les étudiants militaires, nous exploitons des magazines, des revues, des ouvrages en matière comme Frères d’Armées, Défense Nationale, Le Livre Blanc, etc. (Voir Annexe VIII.4). Tous ces documents leur permettent une vue générale et un petit bagage de connaissances sur la défense de la France et se serviront de base pour tout travail d’études plus approfondies plus tard. 1.2. Choix de documents Aujourd’hui, tout le monde reconnaît les avantages des documents authentiques dans l’enseignement du F.L.E en général et dans celui de la culture en particulier puisqu’ils présentent la langue et la culture réelles du pays en question. Pour la diversité et la complexité des documents authentiques, l’objectif ne sera pas de tout comprendre obligatoirement dans les moindres détails, mais comme dans la réalité, de parvenir à une compréhension globale de la situation. L’enseignant va choisir alors les documents authentiques en fonction des objectifs linguistiques et / ou culturels à atteindre. L’enseignant va assigner alors aux étudiants une ou des tâches à accomplir en fonction de ces objectifs. La démarche d’enseignement ne va pas s’opérer vers une simplification de la réalité et des faits culturels. Il va construire des activités pédagogiques autour du document. Nous donnons un exemple ci-dessous pour justifier le choix de document à propos du contenu culturel à enseigner. Dans le dossier 12 de Le Nouvel Espaces 2, il s’agit de la construction de l’Europe ainsi que l’enseignement des langues vivantes : les avantages que la construction de l’Europe offre aux citoyens européens, ce qu’ils en pensent, le projet d’enseignement des langues vivantes à l’école, etc. Pourtant, l’Europe présentée dans la méthode est l’Europe des quinze (le docucment a été conçu à peu près entre 1995 et 1996) alors qu’aujourd’hui l’Union Européenne regroupe vingt-cinq pays membres depuis 2004. La tâche de l’enseignant est alors de fournir aux étudiants des documents complémentaires sur ces changements (les nouveaux pays membres) ainsi que sur les nouveaux défis de l’Europe des vingt-cinq face à la concurrence très féroce d’autres centres économiques et politiques comme les Etats-Unis, le Japon .... (Voir Annexe VIII.3). Et pour bien d’autres thèmes, nous pouvons procéder à la même manière pour combler les lacunes des documents disponibles dans la méthode utilisée. Nous partageons totalement l’opinion de Moirand selon laquelle «Dans un cours de langue qui a lieu loin d’un pays où cette langue est parlée, l’exposition (à la langue) est constituée par l’ensemble des documents utilisés, le discours de l’enseignant et celui des autres apprenants. C’est dire l’importance du choix des échantillons de langue apportés au travers des matériaux ... ». C’est pourquoi, nous sommes conscients qu’une forte présence de la culture française en classe de F.L.E constitue un facteur très important dans l’enseignement de la culture française. Comment présenter la culture française en classe de F.L.E d’une façon la plus permanente que possible, comment créer le plus de contacts avec la culture française aux étudiants de français dans le cadre scolaire et hors de l’école ? Par quelle méthodologie vaut-il mieux enseigner les connaissances socioculturelles en classe de F.L.E? Nous souhaitons apporter ci-dessous quelques propositions à ces questions. 2. Propositions méthodologiques pour améliorer l’enseignement de la compétence socioculturelle et son évaluation en classe de F.L.E à l’E.S.S.M 2.1. Quelques démarches méthodologiques proposées pour améliorer l’enseignement de la compétence socioculturelle en classe de F.L.E Dans l’exploitation de la méthode et des documents de classe, on peut développer deux types d’activités : d’une part les activités consistant dans l’acquisition de la compétence linguistique chez l’étudiant et d’autre part celles qui invitent les étudiants à réemployer les acquis et exprimer leurs réflexions personnelles sur les questions relatives aux thèmes abordés dans les documents de support. Elles permettent le développement et l’évaluation des aptitudes des étudiants ainsi qu’une démarche interculturelle dans l’enseignement de la langue. Tout au long de l’enseignement du F.L.E, l’enseignant pourra sensibiliser les étudiants aux aspects de civilisation française de différentes manières. Cette présentation pourrait s’effectuer d’après son propre choix bien justifié ou selon une progression des thèmes abordés dans la méthode. Il existe plusieurs activités scolaires ou extra-scolaires pour renforcer la motivation de l’étudiant pour la culture française. L’enseignant pourra faire de la classe de F.L.E un environnement de forte présence de la culture française pour une meilleure connaissance de celle-ci et par conséquent un renforcement de la motivation à l’égard de la langue : faire des collections de photos, images, dessins, cartes postales, etc. sur la France et les classer selon les thèmes ; faire décorer la classe des documents, de textes relatifs à la France ; organiser des soirées francophones riches en activités interculturelles ; préparer en groupe les dossiers de civilisation et les présenter oralement devant la classe ; etc. D’abord, il est bien conseillé d’apprendre aux étudiants à s’intéresser à l’actualité socioculturelle française présentée dans les journaux ou à la télévision par une présentation orale hebdomadaire de deux ou trois événements concernant la France ou le pays d’origine de l’étudiant devant la classe. Cette activité consiste à encourager les étudiants à la découverte des réalités de la culture cible et de la culture maternelle ; à exploiter les faits culturels de façon plus efficace dans leur apprentissage (par exemple, le concours d’entrée universitaire au Vietnam, des festivalités populaires en France et au Vietnam, etc.). Ensuite, Il serait possible d’inviter les étudiants à mobiliser leur expérience en proposant une situation ou un événement déclencheur qui témoigne de la confrontation culture maternelle / culture étrangère. Cette démarche leur permet de reconnaître des cas de dysfonctionnement entre ces deux cultures et les expliquer en identifiant les sources. Elle consiste à faire une analyse contrastive pour révéler des interférences linguistico-culturelles de deux systèmes culturels et à adopter une attitude adéquate à l’égard de la culture française (par exemple l’autorisation du mariage des homosexuels, l’euthanasie, le rôle de la femme dans la société et en famille, etc). Enfin, l’enseignant devrait procéder à une approche thématique des faits culturels. Celle-ci repose sur une présentation sélective des faits socioculturels bien circonscrits en classe (le travail, les loisirs, le chômage, le voyage, etc.) tout en gardant une perspective de synthèse (apprendre l’essentiel sur le sujet). Chaque dossier de la méthode, souvent organisé autour d’un thème présente aux étudiants différents domaines de la culture française. Même si les documents sont dits «authentiques», il faudrait les considérer comme les substituts de la réalité car ils prétendent «mimer» le réel, ils ne sont jamais vraiment «authentiques» : la culture cible y est décrite sous un aspect fragmentaire et arbitraire. Il est ainsi nécessaire de trouver des moyens pour reproduire la réalité étrangère telle qu’elle, surtout quand nos étudiants vivent loin du pays de la culture cible. Et on a souvent recours aux dossiers de civilisation. Les thèmes choisis pourraient être puisés dans la méthode ou proposés par l’enseignant lui-même s’il le juge nécessaire. Pour chaque thème, la démarche pédagogique va se dérouler en trois étapes : - Une étape de sensibilisation où l’étudiant circonscrit précisément le thème. Cette phase a pour but de mettre en place les éléments de la langue indispensables à l’étude et à la discussion du thème. - Une étape d’information pour avoir une vue générale du problème, comparer, réfléchir, confronter pour associer un travail de perfectionnement et d’enrichissement linguistique au service de l’étude de faits culturels. C’est la phase d’approfondissement des connaissances. - Enfin, une étape de synthèse qui sollicite le réemploi des informations trouvées et l’appropriation de celles-ci par les étudiants sous forme de débats ou d’exposés devant la classe. Prenons l’exemple suivant. Le dossier 12 dans Le Nouvel Espaces 1 aborde des événements importants comme Mai 68, la construction de l’Europe, le lancement de la fusée Arianne, etc. L’enseignant souhaite faire découvrir en plus les grands événements dans l’histoire de la France contemporaine. Il pourra utiliser un document, donné dans la méthode Tempo 1, (1996), page 198 (Voir Annexe VIII.5) pour une double fin : le jeu de retrouver le verbe à partir de son substantif et la présentation sommaire de la société française dans la deuxième moitié du XXe siècle. D’abord, l’enseignant pourra demander aux étudiants ce qu’ils savent de l’histoire de la France contemporaine (étape de sensibilisation). Ensuite, il va leur distribuer le document et leur demander de le lire, puis leur poser des questions pour vérifier la compréhension. S’ils ont des difficultés d’ordre linguistique ou culturel, l’enseignant leur donne des explications (étape d’approfondissement de connaissances). Enfin, il leur demande d’intégrer les nouveaux éléments linguistiques et culturels récemment acquis dans une présentation orale en faisant des phrases complètes à la place des substantifs (3e étape). Ainsi, les étudiants auront une occasion, entre autres, de découvrir l’histoire et la société française, de connaître le nom de certains présidents français ainsi que des événements socioculturels survenus dans la deuxième moitié du XXe siècle. Un travail éventuel sera une étude comparative sur l’histoire du Vietnam de cette époque (à partir de 1945). Nous voulons préciser que l’enseignement de la compétence socioculturelle de la langue cible peut s’effectuer de façon implicite ou explicite au cours de l’enseignement de la langue en fonction des progrès réalisés par les étudiants. L’enseignant pourra donner des cours de civilisation française aux étudiants de première et de deuxième et dans la langue maternelle dans le but de faire acquérir d’une façon explicite les connaissances socioculturelles de la langue cible. Bien sûr, à travers les leçons de langue, surtout celles sur les « pages de civilisation » des Français, les étudiants peuvent acquérir beaucoup de connaissances socioculturelles concernant les modes de vie, les valeurs et les pratiques culturelles et religieuses des Français. Ainsi, la méthodologie de l’enseignant devra être très souple dans l’enseignement de la culture. Dernièrement, nous préconiserons le recours aux techniques multimédia dans l’enseignement du F.L.E, récemment mises au point dans des salles multimédia à l’E.S.S.M. L’enseignant pourra exploiter des céderoms de méthodes et de dictionnaires encyclopédiques, des DVD de documentaires en français sur la France et la société française contemporaine existants au Vietnam comme Tell me more, France merveilleuse, La France, etc. dans le but de présenter le plus de culture française en classe, avec des images vivantes et attractives, des situations de communication pratiques et variées de la vie sociale en France à nos étudiants. De plus, il vaut mieux mettre en valeur la télévision de langue française (TV5) disponible en classe par le fait de la faire regarder quotidiennement et d’y puiser une ressource de connaissances à la fois linguistiques et socioculturelles par nos étudiants. 2.2. Evaluation de la compétence socioculturelle en classe de F.L.E 2.2.1. Principes d’évaluation Pour tous les enseignants, quelle que soit la discipline enseignée, l’évaluation occupe une place importante dans tout enseignement. Les enseignants de langues se trouvent préoccupés, d’autant plus qu’elle sanctionne non seulement la compétence linguistique de l’étudiant mais aussi sa capacité de réinvestir tôt ou tard des acquis dans une langue et une culture étrangère (la compétence culturelle). Les étudiants seront, en effet, récompensés de leurs efforts dispersés au cours de leur apprentissage par une évaluation ou une auto-évaluation. C’est une incitation pour les étudiants à apprendre et la vérification de ce qu’on a appris est la base pour de nouvelles acquisitions. L’évaluation des acquis des étudiants permet à l’enseignant de savoir si son enseignement est efficace, c’est-à-dire que les objectifs fixés sont bien atteints. Pourtant, bien des enseignants considèrent toujours l’évaluation comme un moyen de mesurer la capacité des apprenants, pas comme l’évaluation de la capacité d’enseigner des enseignants. L’évaluation des étudiants dans le sens le plus restreint du terme, c’est-à-dire celle qui porte sur leurs acquisitions, doit alors logiquement dépendre de la définition des objectifs et du déroulement de l’enseignement. Et nous avons plusieurs formes d’évaluation en fonction des objectifs et des modalités de réalisation : l’évaluation formative qui se fait avant, pendant ou à la fin d’une étape d’apprentissage dans le but de mesurer l’écart entre le niveau acquis des étudiants et l’objectif à atteindre et d’y apporter des amendements nécessaires ; l’évaluation sommative se faisant à la fin d’une étape pour établir l’inventaire des connaissances des étudiants, pour savoir si ces derniers sont capables de passer au niveau supérieur ; l’évaluation critériée qui se réalise en fonction des critères du programme et enfin l’évaluation normative qui consiste à évaluer les connaissances d’un étudiant par rapport à un groupe d’étudiants. Nous savons que d’après certains didacticiens, la compétence culturelle peut être évaluée à travers la performance linguistique, c’est-à-dire qu’une fois que l’étudiant peut réaliser correctement tel ou tel acte de langage dans une situation de communication concrète, il possède suffisamment de connaissances socioculturelles car la compétence linguistique et la compétence sociolinguistique (dont la compétence socioculturelle) sont deux composantes les plus importantes de la compétence de communication. Et alors, il n’est pas nécessaire aux yeux de ceux-ci de faire une évaluation des connaissances socioculturelles des étudiants séparée de celle des connaissances linguistiques. Pourtant, nous trouvons que l’évaluation explicite des connaissances socioculturelles sous forme de test culturel permet à l’enseignant de reconnaître d’une façon plus claire les lacunes de son enseignement, surtout en matière de culture : dans tel ou tel domaine de la civilisation, les étudiants ont bien acquis les connaissances et, dans tel ou tel domaine, non ? D’où l’enseignant pourra modifier leur enseignement pour combler ces lacunes et mieux viser les objectifs de l’enseignement du F.L.E dans le cadre institutionnel. Compte tenu de l’étendue du domaine culturel et de l’inévitable sélection arbitraire des connaissances socioculturelles à transmettre, l’évaluation sera toujours définie en fonction des objectifs pédagogiques préalablement fixés. Avant de commencer un enseignement de F.L.E, l'enseignant doit se poser, pour son objectif en matière de culture, des questions telles que «Quel bagage minimal l’apprenant doit-il acquérir pour s’intégrer dans une culture étrangère ?», «Quels savoirs et savoir-faire lui seront-ils utiles dans des milieux sociaux et professionnels francophones, voire pluriculturels ?» pour bien déterminer les modalités de réalisation du parcours d’enseignement. Ainsi, nous trouvons que les évaluations sommatives conviennent le plus parce qu’elles se basent essentiellement sur l’acquisition des connaissances, c’est-à-dire un ensemble déterminé de connaissances présentées comme des savoirs définitifs uniquement valables pour un parcours d’enseignement précis. C’est aussi une évaluation formative car elle permet de constater l’écart entre le niveau acquis des étudiants et les objectifs à atteindre, d’apporter des modifications nécessaires à l’enseignement de la culture mis sur place. 2.2.2. Test d’évaluation Nous voulons préciser que l’enseignement du F.L.E en général et celui de la culture peut se diviser en plusieurs étapes et alors on peut mener une évaluation sommative à la fin de chaque étape pour savoir si les étudiants ont bien acquis la somme de connaissances nécessaires après cette étape. Et dans le cas de l’enseignement de la culture dans Le Nouvel Espaces, on peut proposer une évaluation sommative tous les deux, trois ou même quatre dossiers si les enseignants le jugent pertinent. Avant d’élaborer un test culturel, il est indispensable à l’enseignant de faire un inventaire de contenus socioculturels présents dans chaque groupe de deux ou trois dossiers. Afin d’évaluer un nombre limité de connaissances élémentaires chez l’étudiant, nous procéderons très souvent à des tests sous forme de Q.C.M. qui sont constitués des questions à choix multiples. Les enseignants ont très souvent recours à l’ouvrage «Score civilisation française» (1991) qui propose 100 Q.C.M, avec les corrigés et des commentaires, à partir de 10 entrées : l’identité française, les monuments de Paris, l’enseignement et la culture, la France au quotidien, etc. pour constituer leurs propres tests culturels en fonction de leurs objectifs. Nous reprenons ici par exemple quelques questions d’un test culturel conçu par A. Mondavio (1990), enseignante de F.L.E à Rome, pour les adolescents débutants lors de la première séance dans le but de stimuler l’intérêt des apprenants et de vérifier leurs préacquis en culture française. 1. Les couleurs du drapeau français sont  a. jaune, rouge, noir. b. bleu, blanc, rouge. c. rouge avec une croix blanche. 2. La capitale de la France est  a. Genève. b. Paris. c. Bruxelles. 3. Actuellement, la monnaie française est a. le franc. b. la livre. c. l’euro 4. Une marque de voiture française est a. Ford. b. Renault. c. Mercedes. 5. On parle français en France et aussi a. en Afrique du Sud. b. en Argentine. c. au Canada. 6. Une boisson typiquement française est a. la bière. b. le champagne. c. la vodka. 7. Le port français sur la Méditerranée est a. Bordeaux. b. Marseille. c. Lyon. 8. Astérix, héros d’une bande dessinée française est a. un Gaulois. b. un Egyptien. c. un Romain. 9. Le Roi-Soleil était a. Napoléon. b. Charlemagne. c. Louis XIV. 10. La devise nationale française est « Liberté, Egalité .... ». a. Charité. b. Bonté. c. Fraternité. Bien sûr, nous pourrons trouver bien d’autres tests culturels proposés dans des méthodes de F. L.E utilisant toujours des Q.C.M. (Voir Annexe IX.2) Un autre type d’évaluation peut permettre de mesurer le niveau de savoirs socioculturels des étudiants, ce sont les questions à réponse ouverte. Mais il faut noter que ce type de questions consiste surtout à évaluer les savoirs souvent facilement mesurables et se référant à une description de la réalité française, par exemple : Quels sont les cinq plus grands tirages de la presse française ? Quelles sont les chaînes de télévision françaises ? Quels sont les monuments les plus remarquables de Paris ? Quel est le plus grand port de France ? etc. Dans cetaines méthodes de F.L.E comme Forum, Tempo, nous trouvons des tests culturels accompagnés de documents portant sur la vie quotidienne en France qui sont très motivants. Ceux-ci ont pour intérêt d’encourager les étudiants à découvrir des aspects de la vie quotidienne française en les comparant à ceux de la vie vietnamienne. 3. Formation des enseignants de F.L.E en matière de l’enseignement de la compétence socioculturelle L’enseignement de la culture française en classe de F.L.E au Vietnam en général et à l’E.S.S.M en particulier se fait dans le contexte dominant de la culture d’origine des apprenants. Par conséquent, la culture française est une culture absente et le rapport qu’elle entretient avec leur culture maternelle est d’un caractère discontinu. En effet, nos étudiants, après les cours de français, rentrent dans un milieu culturel vietnamien. Les éléments, les morceaux de la culture française choisis et apportés en classe de F.L.E représentent ainsi fort bien cette culture aux yeux des étudiants. Dans la classe de F.L.E, le rôle de l’enseignant de langue devient alors stratégique puisqu’il aménage cet «espace de rencontre entre le semblable et le différent, l’intérieur et l’extérieur, le lointain et le proche» (Zarate, 1986). Il doit jouer un rôle de médiateur, c’est-à-dire un pont entre les étudiants et la culture étrangère, qui est prêt à aider les apprenants, toujours empêtrés dans leur propre système d’interférences culturelles, pour franchir le mieux possible la frontière des deux cultures en question. Le premier objectif de l’enseignant, quelle que soit la matière enseignée, est certainement l’enrichissement culturel personnel de ses apprenants. De manière générale, il s’agira de détourner l’apprenant de ses «intuitions naturelles», en l’amenant à reconnaître la spécificité des systèmes de communication étrangers. Les démarches de l’enseignant de F.L.E seront donc soumises à deux visées : - développer chez l’apprenant la conscience de la nature des modèles culturels de communication et de leur fonctionnement ; - faire en sorte que l’apprenant prenne ses distances par rapport à son propre ethnocentrisme. Ainsi, en tant que professeur de F.L.E, le rôle essentiel de l’enseignant n’est pas d’apporter aux étudiants des informations  pré-digérées qu’ils pourraient lire dans une encyclopédie ou dans un bon ouvrage qui risquerait d’être tout aussi vivant, mieux informé et plus complet que le manuel ou nos propres notes, mais de les entraîner à «penser la culture». Penser culturellement suppose en premier lieu que l’on prenne conscience que tout fait, acte langagier, attitude, opinion, habitude, etc. s’inscrit dans un contexte et est porteur d’une signification culturelle et en second lieu que l’on s’engage dans une démarche inductive afin de relier un signifiant singulier à un signifié culturel plus vaste. Dans son rôle si important, l’enseignant doit d’abord être conscient de l’importance de la culture dans son enseignement du F.L.E et être formé aussi bien dans l’enseignement de la langue que dans celui de la culture. La formation des enseignants en matière d’enseignement de la culture constitue alors un atout pour ce travail si délicat. Comme la plupart de nos enseignants ont reconnu dans le chapitre précédent, ne pas avoir suffisamment de connaissances socioculturelles de la langue cible et ne pas bien maîtriser les méthodologies de l’enseignement de la culture en classe de F.L.E, ils ont enseigné les connaissances socioculturelles aux étudiants avec beaucoup de difficultés. C’est pourquoi, il est indispensable, à nos yeux, que ces derniers doivent être recyclés en matière de culture, c’est-à-dire qu’ils devront suivre les formations continues en matière pour améliorer leur compétence professionnelle. Avec le développement rapide de la langue et de la société cible, la formation continue des enseignants en culture étrangère est très importante pour pouvoir mener à bien l’enseignement du F.L.E en général et de la culture en particulier. En effet, la société française évolue tous les jours et ses réalités socioculturelles changent rapidement. Un enseignant de F.L.E doit donc suivre de près ces changements, mettre à jour ses connaissances pour pouvoir donner aux apprenants des informations exactes et récentes sur la France, lesquelles les motivent fortement pendant leur apprentissage de la langue et consolident les connaissances linguistiques acquises. Comment procéder à une formation continue efficace de nos enseignants ? D’abord, le perfectionnement des enseignants, les stages jouent un rôle essentiel dans la mise à jour de leur niveau professionnel. Ils sont de plus en plus nécessaires ; plus les systèmes éducatifs se diversifient, plus la situation et le statut de la langue française évoluent dans les pays concernés, plus il faut adapter les enseignants aux nouvelles conditions de l’exercice de leur profession en envisageant la remise en cause complète des contenus, des méthodes, des approches mis en place. Les stages de formation continue consistent à pallier les carences de la formation initiale des enseignants et conforter ceux-ci dans la pratique professionnelle en fonction des objectifs et des besoins des stagiaires d’une part et d’une définition d’objectifs conforme aux exigences nouvelles de l’enseignement du F.L.E et de celui de la culture d’autre part. Avec les stages de formation continue, les enseignants de F.L.E comme les nôtres peuvent être informés des événements socioculturels importants et récents en France, acquérir de nouvelles approches et méthodes d’enseignement de la culture en classe de langues, résultats des recherches des didactitiens et chercheurs en matière pour mener à bien leur enseignement de la culture dans leurs classes de F.L.E. D’où nous souhaitons participer régulièrement aux stages sur place pour rafraichir nos connaissances professionnelles, mettre à jour nos informations socioculturelles sur la France au profit de notre pratique de classe efficace à l’égard des étudiants. En outre, les stage en France sont très sollicités au profit des enseignants de F.L.E puisque le fait de vivre quotidiennement la langue et la culture de la communauté étrangère dont on enseigne la langue est la condition idéale pour découvrir et acquérir les connaissances linguistiques et culturelles en question, surtout pour les jeunes enseignants de F.L.E comme le cas de ceux du Département de français relevant de l’E.S.S.M. Ensuite, il faut favoriser à travers des colloques, des séminaires, des formules diverses de travail de groupe la coopération et les échanges entre équipes d’enseignants et entre institutions pour le développement des recherches d’application. Nous trouvons que les séminaires, les colloques sont vraiment rentables pour les jeunes enseignants-chercheurs car ceux-ci peuvent connaître les résultats de recherches en matière d’enseignement de F.L.E obtenus par d’autres chercheurs, appliquer à leur tour ces innovations méthodologiques dans leur pratique de classe, présenter leurs recherches et leurs réflexions sur les difficultés ainsi que sur les solutions envisagées au cours de leur enseignement de la langue et de la culture françaises. La collaboration entre les universités, entre les centres de recherches s’est montrée efficace ces derniers temps dans la formation des enseignants concernés. Enfin, nous voulons élever la conscience de chaque enseignant dans le perfectionnement de ses compétences professionnelles en général et de ces connaissances de l’enseignement de la culture en particulier. En effet, nous avons la possibilité de suivre des formations spécialisées dans l’enseignement de la culture ou une formation de perfectionnement dans celui de F.L.E, disponibles au Vietnam. De plus, bien des moyens sont à notre disposition pour avoir accès à toutes sortes d’informations dont ils ont besoin : les médias, Internet. Alors, nos enseignants de F.L.E peuvent mettre à jour, enrichir leurs connaissances quotidiennement et se mettre au niveau demandé par leur réalité professionnelle. C’est une auto-formation très efficace et indispensable à l’égard de la compétence professionnelle des enseignants de F.L.E d’aujourd’hui. A propos de la compétence professionnelle des enseignants dans l’enseignement de la culture, nous tenons à dire aux responsables des programmes de formation des futurs enseignants de F.L.E que la formation en matière de culture offerte par les école normales compétentes dans le domaine n’est pas satisfaisante à l’égard de la demande de la pratique de notre enseignement. Nous pensons effectivement que la formation initiale des futurs enseignants de F.L.E doit être examinée d’une façon sérieuse puisque ceux-ci, au cours de leur apprentissage, n’ont pas acquis suffisamment de connaissances fondamentales de l’enseignement de la culture comme les principes méthodologiques, les démarches pédagogiques à suivre lors d’une séquence d’enseignement de la culture. Cette opinion est très partagée par nos collègues. Ces étudiants du F.L.E sont essentiellement formés pour enseigner la langue et à leur tour dans le rôle d’un enseignant de F.L.E, ils cherchent par tout moyen à faire acquérir les compétences linguistiques en langue cible à leurs apprenants en négligeant l’enseignement de la compétence socioculturelle, partie inhérente de la langue comme nous l’avons dit plus haut. Nous pensons qu’un enseignant de F.L.E doit posséder non seulement de bonnes connaissances professionnelles sur l’enseignement de la langue mais aussi des connaissances sur celui de la culture. Ainsi, nous suggérons que les concepteurs de programmes devraient reconnaître la situation actuelle et y apporter des modifications, des amendements pour mieux répondre aux demandes, aux attentes des étudiants qui deviendront bientôt enseignants de F.L.E. Ils doivent acquérir des connaissances linguistiques et socioculturelles d’une part, des compétences professionnelles d’autre part, y compris l’enseignement de la compétence socioculturelle. Ils peuvent effectivement faire des recherches eux-même par la lecture d’ouvrages disponibles à la bibliothèque, par l’emprunt auprès des experts et professeurs en cette matière ou bien par la recherche sur Internet sur les sites pédagogiques proposés par des centres de recherches et des universités ; dans les médias, un moyen à la portée de nous tous aujourd’hui. En résumé, chaque enseignant devra apporter pendant son cours de F.L.E la culture française la plus proche de la réalité étrangère que possible en classe de F.L.E par l’exploitation des documents authentiques en parallèle avec la méthode de F.L.E utilisée. Il devra favoriser l’acquisition de la culture étrangère en question par la création de contacts permanents avec ses aspects divers aux étudiants, c’est particulièrement important pour les nôtres qui vivent loin de la France et des réalités françaises. Il doit donc être bien formé initialement et en formation permanente dans l’enseignement de la culture pour pouvoir mener à bien son enseignement en matière de culture en classe de F.L.E et par conséquent pour une meilleure connaissance de la culture française de nos étudiants. Quant aux étudiants, ils devront être plus conscients de l’importance des connaissances socioculturelles dans l’apprentissage de la langue et plus actifs dans leur acquisition. Il ne peuvent pas, en effet, se contenter des connaissances linguistiques acquises (vocabulaire, règles syntaxiques, phonétique) ; ils doivent comprendre en plus les connotations culturelles, celles qui sont souvent plus importantes que les signes linguistiques dans une communication. Ils pourront créer eux-même un environnement de forte présence de la culture française autout d’eux de différentes manières : apprendre à se comporter linguistiquement et culturellement entre eux selon les savoir-vivre français (saluer, se faire un compliment et y répondre, présenter et comparer les moeurs et coutumes françaises et vietnamiennes, etc.), regarder les chaines de langue française, lire les livres ou les journaux, les magazines en français, participer aux activités culturelles organisées dans les centres culturels au Vietnam, et si c’est possible, faire des voyages d’études ou de tourisme en France ou dans un pays francophone, etc. Toutes ces activités constituent de bonnes occasions de procéder à une approche interculturelle pour nos étudiants, surtout au Vietnam où la culture française est d’une faible fréquence au détriment d’une bonne connaissance de celle-ci de la part de nos étudiants. Voici quelques propositions méthodologiques et pédagogiques pour améliorer l’enseignement de la compétence socioculturelle aux étudiants de français de première et de deuxième à l’E.S.S.M. Pourtant, nous n’avons pas la possibilité de vérifier tout de suite les impacts de toutes nos propositions sur l’enseignement de la compétence socioculturelle en classe de F.L.E dans notre établissement du fait que nous sommes coincés dans le temps de réalisation de ce mémoire. A travers notre observation conduite en classe de F.L.E lors de l’application de certaines propositions ci-dessus, nous trouvons que les étudiants sont plus motivés et actifs dans l’apprentissage de la culture dans celui de la langue. C’est pourquoi, l’hypothèse 4 reste à vérifier dans la pratique de classe des enseignants et l’observation suivie des performances des étudiants en matière de culture dans un temps proche. Nous sommes convaincus que toutes ces propositions envisageables s’avéreront efficaces au service d’un bon enseignement des connaissances socioculturelles en classe de F.L.E à l’E.S.S.M. CONCLUSION L’enseignement de la compétence socioculturelle constitue alors une composante indissociable de l’enseignement / apprentissage de la langue et crée un point d’appui et de la motivation pour l’acquisition de la langue chez les étudiants : en développant leur intérêt culturel et en répondant aux attentes des étudiants au cours de leur apprentissage du F.L.E on peut maintenir leur engouement pour la langue étudiée. Toutefois, ce processus doit se soumettre à certains propres principes méthodologiques que l’enseignant devra prendre en compte dans sa pratique de classe. Et l’enseignement de la culture française au sein de celui du F.L.E à l’E.S.S.M vise aussi à satisfaire aux objectifs du cursus d’enseignement en tenant compte des particularités du contexte institutionnel, des dispositifs sur place et du public visé. En effet, les enseignants et les étudiants accordent une grande attention à l’enseignement de la langue, mais l’enseignement de la culture reste sous-investi par nos enseignants de F.L.E et n’est pas satisfaisant à l’égard des attentes propres aux étudiants ou des objectifs de notre enseignement du F.L.E. Cette situation résulte d’une part du manque de connaissances socioculturelles et d’expérience professionnelle en matière culturelle de la part de nos enseignants et d’autre part d’une très faible fréquence de contacts avec la culture française de la part des étudiants. En outre, les contenus socioculturels présentés la méthode Le Nouvel Espaces ne répondent pas bien aux objectifs du programme ainsi qu’aux attentes des étudiants en matière culturelle, comme l’absence du domaine de la défense, thème plus ou moins spécifique dont nos étudiants militaires ont beaucoup besoin au cours de leur apprentissage à l’E.S.S.M. Dans une approche communicative, il ne s’agit pas d’imposer aux étudiants un enseignement magistral des contenus culturels de la société française contemporaine. Il nous faut harmoniser les éléments linguistiques et les contenus culturels selon une progression appropriée. C’est pourquoi, à côté des efforts d’amélioration du niveau de connaissances en culture française et des aptitudes professionnelles en matière d’enseignement de la culture de la part de nos enseignants, nous tenons à compléter le contenu culturel de la méthode Le Nouvel Espaces par l’exploitation des documents authentiques, riches en connaissances culturelles à notre disposition. Le choix des contenus culturels dépendra des objectifs ciblés et du temps dont nous disposons lors de la pratique de classe des enseignants. Bien sûr, nous devrons accorder aussi une grande attention à la cohérence des thèmes civilisationnels enseignés à nos étudiants tout au long du cursus d’enseignement du F.L.E. Dans le cadre de ce mémoire, nous avons commencé justement les premiers pas dans la recherche d'un domaine très intéressant, mais aussi si vaste et compliqué: l'enseignement de la culture au sein de l'enseignement de la langue. Ce que nous avons pu faire dans ce mémoire sera, l'espérons-nous, la base et les suggestions pour d’autres recherches à venir dans ce domaine. Nous trouvons que bien les questions sur la problématique de l'enseignement de la culture à nos étudiants de français restent ouvertes et attendent des précisions et des interventions d'autres enseignants-chercheurs telles que "comment introduire d'une façon efficace les connaissances socioculturelles en général et de défense dans un cours de F.L.E au service des objectifs spécifiques de l'école?", "Est-il possible d'élaborer une méthode de français de spécialité militaire pour les étudiants de première et de deuxième à l’E.S.S.M?" ou "L'évaluation des connaissances socioculturelles peut-elle se faire à l'intérieur de l'évaluation des compétences linguistiques ou d'une manière séparée?", etc. Dans un avenir proche, nous allons nous investir plus dans ces travaux de recherche pour apporter des réponses à ces questions. 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